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Sortir de l’insouciance « al-ghafla »

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Purification de l’âme (deuxième partie)


Nous avons parlé la semaine dernière de la purification de l’âme sans laquelle l’être humain ne peut connaître la réussite dans ce-bas monde ni dans l’au-delà. La purification spirituelle de l’âme qui se réalise tout d’abord par l’épuration de l’âme de l’impureté de l’idolâtrie et des vices de l’hypocrisie, et par le développement des vertus du monothéisme et des qualités spirituelles de la croyance. La purification de l’âme se fait donc selon le procédé de l’évacuation « at-takhliya » et de l’embellissement ; évacuer les vices de l’âme pour l’embellir ensuite par les vertus.

Pour commencer notre purification de l’âme, il est indispensable de l’extraire de l’emprisonnement de l’insouciance « al-ghafla ». En effet, l’insouciance est la pire des choses qui puisse toucher l’être humain. C’est cette insouciance qui pousse l’être humain à vivre en oubliant la mission pour laquelle Dieu l’ait créé, en oubliant son Créateur, à vivre dans une totale abstraction de l’au-delà, et c’est là le grand désastre ! La plupart des gens vivent comme s’ils étaient éternels. Ils ne réalisent pas qu’ils passeront un jour dans l’au-delà où ils rendront compte de toute parole qu’ils auront prononcé, ouvertement ou en secret, de toute action qu’ils auront commise, bonne ou mauvaise, de tout déplacement qu’ils auront effectué, en mer ou sur terre ou dans les airs.

Le problème est que la plupart des gens vivent dans une totale insouciance. Leurs seules préoccupations et sujets de discussions résident dans l’argent, la bourse, les gains, les pertes, les femmes, les passions, oubliant totalement l’au-delà. C’est à cause de cette insouciance de l’au-delà que l’être humain exerce son égoïsme le plus surdimensionné écrasant le plus faible pour assouvir ses propres passions et désirs.

L’insouciance est sans doute la cause du fléau. Il s’agit donc de sortir de son emprise. Dieu dit en décrivant les gens de l’Enfer : « Nous avons destinés beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer. Ils ont des cœurs mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux mais ne voient pas. Ils ont des oreilles mais n’entendent pas. » (Coran 7 : 179). Dieu a effectivement donné à ses êtres des sens mais ils ne les ont pas utilisés comme il se doit si bien que ces sens ne remplissent plus leurs fonctions. Les cœurs ne comprennent plus, les yeux ne voient plus, les oreilles n’entendent plus. Quelle est la valeur de l’oreille si elle n’écoute pas ce qui est bien ? Quelle est la valeur de l’œil si l’être ne tire pas des leçons de ce qu’il voit ? Quelle est la valeur de la raison si elle n’est pas consciente de ses droits et de ses devoirs, sil elle n’est pas consciente de ce qu’il l’attend demain ?

Lorsque l’être humain subit des pertes dans un commerce, il en tire aussitôt les conséquences et regrette, mais lorsqu’il s’agit de manquement relatif à sa religiosité, il en est totalement insouciant. Lorsqu’il manque une Prière, lorsqu’il ne s’acquitte pas de ses devoirs envers Dieu et envers les gens, cela n’a aucun effet sur lui. Ce genre d’être humain est un animal sous la forme d’un humain entendant et voyant « Ils ont des cœurs mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux mais ne voient pas. Ils ont des oreilles mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont insouciants » (Coran 7 : 179). Les animaux sont meilleurs que cet être humain insouciant, pourquoi ?

D’une part, les animaux ont une excuse étant donné qu’ils ne jouissent pas des facultés intellectuelles et spirituelles dont jouit l’être humain.

D’autre part, les animaux accomplissent tous la mission pour laquelle ils ont été créés. Avez-vous déjà vu une vache qui refuse de donner du lait ?! Avez-vous vu un âne qui refuse d’être monté ?! Par contre l’humain, l’être honoré par Dieu, à qui Dieu a confié la lieutenance sur terre et assujetti tout ce qu’il y a dans les cieux et sur la terre, l’être que Dieu a comblé de ses faveurs, se refusent d’accomplir sa mission qui consiste  à connaître Dieu, à l’adorer d’une manière exclusive, à peupler et exploiter la terre et y appliquer Sa Volonté.

«Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont insouciants », c’est-à-dire que la cause de leur rabaissement au niveau d’animaux est leur insouciance ; Ne pas se soucier de Dieu ni de son invocation, ne pas se soucier des signes de Dieu qui entourent l’être humain mais que ce dernier ne voit pas, que ce soit des signes cosmiques « ayat kawniyya » ou des signes révélés « versets coraniques ». Dieu dit : « Et dans les cieux et sur la terre, que de signes auprès desquels les gens passent, en s’en détournant » (Coran 12 : 105) « Nous les avons noyés dans les flots, parce qu’ils traitaient de mensonges Nos signes et n’y prêtaient aucune attention » (Coran 7 : 136). Ne pas se soucier du devenir de l’être humain après la mort. Dieu dit en décrivant une catégorie de gens : «Ils connaissent un aspect de la vie présente, tandis qu’ils ne se soucient pas de l’au-delà » (Coran 30 : 7).

On rapporte que Nouh (Noé), que la Paix soit sur lui, qui vécut au sein de son peuple neuf-cent-cinquante années, puis vécut encore après le déluge, lorsque l’Ange de la mort vint à lui, ce dernier lui dit : « Ô toi, celui qui vécu le plus longtemps parmi les prophètes, comment as-tu trouvé ce bas-monde ? Il dit : « Je l’ai trouvé semblable à une maison qui contient deux portes, je suis entré par l’une et ressorti par l’autre ! »

Méfie-toi donc, cher musulman, de cette insouciance car c’est un poison mortel, une maladie très grave dont il faut lutter pour t’en défaire, et sache que le premier motif pour se libérer de l’emprisonnement de l’insouciance réside dans le rappel de la mort. Le Prophète (BDSL) dit : « Evoquez souvent le destructeur des passions (la mort) » (hadith rapporté par at-Tirmidhi).

Rappelle-toi que quelque soit le nombre d’années que tu va vivre sur cette terre, quelque soit la richesse que tu as pu amasser, quelque soit les postes et les fonctions que tu as pu occuper, quelque soit les choses que tu as pu dire ou faire, tu es voué à la mort et ta vie est vouée à la finitude ! ‘Omar ibn al-Khattab dit : « Chaque jour on annonce la mort d’untel, viendra le jour où on dira : ‘Omar est mort ».

La mort est une vérité absente de l’esprit de beaucoup de gens. Le problème de beaucoup de gens c’est qu’ils voient la mort comme quelque chose de très loin qui ne touche que les autres. Toute personne est convaincue de se réveiller le lendemain matin parmi les siens, alors que la mort est plus proche de lui que le sont les lacets de son soulier.

Dis-toi lorsque tu te réveil le matin, que peut-être tu ne vivras pas jusqu’au soir, et dis-toi le soir, que peut-être tu ne verras pas le matin se lever. La mort arrive soudainement, sans prévenir. N’as-tu pas entendu parler de l’infarctus ? Ne pense pas que tu es à l’abri d’un infarctus ! N’as-tu pas vu combien de jeunes, en fleur d’âge, ont connu la mort dans des accidents de la route ?

Tu ne peux pas échapper à la mort lorsqu’elle arrive. Personne n’a jamais pu échapper à la mort, ni prophète, ni vertueux ni roi aussi puissant qu’il soit. Nul ne peut échapper à la mort, qu’il soit bon ou mauvais. La mort emporte tout le monde puis viendra le jugement le Jour de la Résurrection. Méditez les traces que certains ont laissées derrière eux « Que de jardins et de sources ils laissèrent derrière eux, que de champs et de superbes résidences, que de délices au sein desquels ils se réjouissaient. Il en fut ainsi et Nous fîmes qu’un autre peuple en hérita. Ni le ciel ni la terre ne les pleurèrent et ils n’eurent aucun délai » (Coran 44 : 22-29). Ni le ciel ni la terre ni ses habitants ne les ont pleurés, au contraire, c’est pour eux un soulagement. Celui que les gens pleurent et regrettent, c’est celui qui est bon envers eux, c’est celui dont les gens se rappellerons les belles paroles, les bonnes actions, les nobles caractères, les traces bénéfiques qu’il a laissé derrière lui sur terre … L’homme peut continuer à vivre de longues années après sa mort s’il laisse derrière une bonne conduite. Le prince des poètes Ahmed Chaouqi dit :

Les battements rappellent à l’être

                Que la vie n’est que minutes et secondes

                Fais en sorte que l’on évoque ton nom après ta mort

                Car le souvenir d’un être est pour lui une deuxième vie

Sermon de vendredi donné par Moncef Zenati

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