Le début du mois de Ramadan est déterminé par l’un des deux moyens suivants :
1- La constatation visuelle de la nouvelle lune le vingt-neuvième jour de Sha’ban si le ciel est découvert et ce, conformément au hadith « valide-sûr » (çahih) : « Jeunez à sa vue (la nouvelle lune), et rompez le jeûne à sa vue » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim).
Il suffit pour la constatation visuelle de la nouvelle lune du Ramadan du témoignage d’une seule personne musulmane moralement intègre et ce, en raison du hadith relaté par Ibn ‘Omar t dans lequel il dit : « Les gens essayaient de voir la nouvelle lune. J’informai alors le Prophète (r) que je l’avais vu. Il jeûna alors et ordonna aux gens de jeûner » (rapporté par Abou Daoud, jugé « valide-sûr » (çahih) par al-Hakim).
2- Si la constatation visuelle de la nouvelle lune est impossible, les musulmans doivent alors compléter à trente jours le mois de Sha’ban conformément au hadith : « … Si celle-ci (la nouvelle lune) est cachée à vous, complétez Sha’ban à trente jours » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim)
La constatation visuelle de la nouvelle lune de Shawwal doit être confirmée par le témoignage de deux personnes musulmanes moralement intègres. Le témoignage d’une seule personne n’est pas suffisant car il s’agit de la fin d’un acte d’adoration exigeant une extrême assurance. Si la constatation visuelle de la nouvelle lune est impossible, il faut alors compléter à trente jours le mois de Ramadan.
Les musulmans se doivent de chercher à apercevoir la nouvelle lune au coucher du soleil du vingt-neuvième jour de Sha’ban et de Ramadan. Ceci est une obligation collective.
Multiplicité des « levants » (matali’) :
Si la constatation visuelle de la nouvelle lune est confirmée quelque part, le jeûne s’impose à tous les musulmans dans tous les pays et ce, de l’avis de la majorité des savants, car pour eux, aucune considération ne doit être accordé à la multiplicité des « levants » (matali’). Ceci est l’avis formellement adopté par les hanafites. Selon l’avis prédominant chez les shafi’ites, seule la constatation visuelle des habitants de chaque pays doit être considérée. Aussi, tout autre constatation visuelle ne pourrait les engagés sauf si le levant (matla’) de la lune est commun aux deux pays.
L’utilisation de l’astronomie et des télescopes :
Les savants s’accordent à permettre l’utilisation des télescopes pour la vision de la nouvelle lune car sa constatation n’en demeure pas moins basée sur la vision à l’œil nu, même si des moyens auxiliaires modernes ont été utilisés. Par contre, ils divergent quant à la confirmation de la nouvelle lune au moyen du calcul astronomique sans avoir recours à la constatation visuelle.
La majorité des savants contemporains estiment que la confirmation de la nouvelle par le calcul astronomique n’est pas permise, car il s’agit d’une question d’ordre cultuelle qui exige la conformité à la signification littérale du texte. Par ailleurs, les savants des « salafs » (les trois premières générations de l’islam) s’accordent d’un avis consensuel à dire que jeûner ou interrompre le jeûne en se basant sur la position des étoiles n’est pas valide car l’astrologie conjecturale et approximative.
Quant à certains contemporains, ils disent que l’objectif de la constatation visuelle est l’assurance de la naissance de la nouvelle lune. Or, le calcul astronomique moderne fait parvenir à cette certitude plus que la constatation visuelle. D’autre part, compléter à trente jours Sha’ban ou Ramadan n’est autre qu’un deuxième moyen pour parvenir à la certitude. Par ailleurs, Le Messager de Dieu (r) ne disposait que de ces deux moyens, c’est pour cette raison qu’il les indiqua. Par conséquent, s’il existe un autre moyen faisant parvenir à la certitude, son utilisation est alors permise. D’ailleurs, Le Messager de Dieu (r) a attiré l’attention sur la raison de l’adoption de la constatation visuelle, à savoir, les musulmans ne connaissaient par le calcul, ce qui signifie que s’ils l’apprenaient, ils pourraient l’adopter. Le Prophète (r)r dit : « Nous sommes une communauté qui ne sait ni lire ni calculer, le mois est comme ceci ou comme cela, c’est-à-dire 29 ou 30 jours » (rapporté par al-Boukhari, Mouslim, Abou Daoud et an-Nasa-y). Or, il est notoirement connu qu’aujourd’hui, le calcul astronomique est radicalement différent du calcul de jadis dont la conjecture et l’approximation en étaient les traits principaux[1].
Extrait de « Simplifications des règles des actes cultuels » de cheikh Fayçal Mawlawi)
[1] – Note de l’éditeur : A ce niveau, il est utile de reprendre l’intégralité de l’avis développé lors du colloque organisé en février 2012 à Paris par l’Union des Organisations Islamiques de France, en coopération avec le Conseil Européen de la Fatwa et de la recherche : « Il est unanimement acquis et corroboré par la réalité qu’il ne saurait y avoir de contradictions ou d’oppositions entre les textes religieux dogmatiques – les certitudes ancrées – et les vérités scientifiques, car les deux émanent d’Allah le Tout Puissant. Les textes religieux sans équivoques étant révélés par Allah et les vérités scientifiques étant créés par Allah. Par conséquent, il ne pourrait y avoir d’opposition entre ce qu’Allah a créé et ce qu’il a révélé. » Ne connaît il pas ce qu’il a créé, alors que c’est lui le Doux, le parfaitement Connaisseur. « (S. 67 – V.14). Ceci dit, on constate que le Saint Coran, parlant du mois de jeûne, a utilisé le terme « chahida » signifiant littéralement celui qui aperçoit le mois, ce qui présuppose l’idée de présence, de connaissance et de constat, c’est-à-dire que celui qui est présent lors de ce constat et qui dispose d’une connaissance avérée de l’avènement du mois du Ramadan, est tenu d’observer le jeûne s’il n’a pas de raison qui l’en dispense. Quant aux hadiths prophétiques qui appellent au jeûne à la vue du croissant du mois où à la poursuite du jeûne pour parachever le mois en cas de défaut de visibilité, ils mettent en évidence l’importance accordée aux moyens les plus accessibles à l’époque pour affirmer avec certitude l’avènement du mois et ne signifient nullement le refus et le rejet du recours aux calculs scientifiques de l’astronomie qui permettent de scruter la lune et ses mouvements avec une infinie précision au dixième ou au centième près de la seconde. La science astronomique aujourd’hui est à distinguer de l’astrologie prédictive et divinatoire prohibée religieusement et interdite explicitement par plusieurs hadiths, et qui ne correspond en rien à la science de l’astronomie antique dans sa précision et son rayonnement.
Par ailleurs, si le début et la fin du Ramadan se confirment par la vision oculaire ou le parachèvement, le début de la journée et sa fin sont établis et confirmés sur la base de calculs astronomiques purs. Il en est de même pour les horaires de toutes les prières obligatoires qui constituent un pilier fondamental de l’islam : ils sont établis à partir de calculs astronomiques faisant objet d’un consensus de tous les musulmans aujourd’hui qui ne songent pas un moment à aller vérifier cela par la vision oculaire ou le suivi du soleil.
Il est notoirement acquis dans notre jurisprudence que les moyens peuvent changer selon les époques mais que les finalités et les visées ainsi que les règles fondamentales restent immuables. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faudrait comprendre les hadiths prophétiques décrivant la communauté musulmane en étant une Oumma qui n’écrit pas et ne calcule pas, comme une allusion à une réalité d’époque visant à expliciter un vice nécessitant l’allègement et la facilitation pour la pratique religieuse pour les gens à ce moment-là. Et il ne s’agit en aucun cas de dire, que cette communauté doit rester indéfiniment analphabète. Le premier verset révélé dans le Saint Coran n’a-t-il pas été une injonction impérative à lire avant tout autre ordre ou commandement. De même aucun savant contemporain ou dans la postérité n’a interdit l’écriture ni l’établissement des droits par les écrits.
Ce que l’on observe aujourd’hui comme divergences considérables dans l’une des pratiques cultuelles majeurs qui est jeûne – dont l’étendue dépasse les trois jours – ne saurait désormais plus être acceptable vu que cela ne reflète plus l’image valorisante d’une communauté de fidèles dont la religion (le Livre et la Sounna) n’a eu de cesse d’ancrer en eux l’unicité du choix et de la décision, après l’Unicité de Dieu.
« Cette communauté (Oumma) qui est la Vôtre, est certes une Oumma unique, et je suis votre Seigneur, adorez moi donc » Sourate 23 Verset 52
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