Face au Pharaon, se libérer…
Le récit coranique est une source intarissable de leçons livrées à l’humanité, et le portrait qu’il nous dresse de la personnalité du Pharaon est riche, et d’actualité si l’on essaye de le croiser avec les agissements de despotes contemporains qui sévissent encore ou qui sont en pleine déchéance.
Le Coran nous apprend : « Pharaon a agi en hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d’abuser de la faiblesse d’un groupe d’entre eux : il égorgeait leurs enfants et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraiment parmi les corrupteurs. ». Coran, les Récits verset 4.
Il s’agit donc d’un personnage qui refuse de reconnaitre la force qu’exerce sur lui la pesanteur de la terre, une sorte de contradiction qui fait qu’il cherche à échapper à sa condition d’Homme sensé être dépendant de cette terre, faible et tellement petit.
Pour assoir cette posture de maitre incontesté, le coran nous explique le moyen que le Pharaon « transhistorique » adopte ; il s’agit de diviser et de terroriser le peuple.
Ce dictateur s’accorde ainsi le droit de disposer des âmes, et des esprits, au point que lui même commence dans son délire de mégalomanie à croire à son infaillibilité. « Je ne vous montre que ce que je vois et je ne fais que vous guider sur la voie droite » sourate Ghafir, verset 29 ;
Il est sur qu’il faut être complètement aliéné pour croire le despote lorsqu’il déclare ceci. Peuple aliéné, donc acquis à la mentalité d’esclave. C’est celle-ci qui encourage l’autocrate jusqu’à déclarer tel le pharaon « Je suis votre Dieu élevé » (sourate Annaziâats, verset 24).
N’est-ce pas parce que les Moubarak, Kaddafi, Ben Ali et Assad ont cru sinon à leur divinité, à leur impunité qu’ils ont massacré, torturé et terrorisé ? N’est-ce pas parce qu’ils ont trouvé à leur botte des tribus choyées, et des milices corrompues ?
Mais à la longue, les peuples libres finissent pas se soulever et refuser cet état d’esclavagisme que l’autocrate leur impose « Ils dirent nous ne te préférerons pas à ce qui nous est parvenu comme preuves, par Celui qui nous a créés, alors décide ce que tu veux, parce que tu ne décides qu’ici bas » (sourate Ta Ha , verset 72) . Le Coran nous livre ici la solution adoptée par le peuple d’Israël qui s’est soulevé contre le pharaon.
Message coranique clair, qui a fait que jamais dans l’histoire de l’Islam, un colonisateur ou un despote n’a pu avoir le dessus aussi long que fût son règne. En rappelant aux croyants qu’il y a une vie après la mort, durable et dont la qualité dépend de la vie menée ici bas, le Coran incite à ce que toute injustice soit combattue même si cela coute la vie ici bas. Il est des morts qui valent la vraie vie. D’où la notion de martyr. Un martyr est quelqu’un qui mène un combat juste, jusqu’à y laisser sa vie. Le jihad, selon l’Islam, sous sa forme armée, ne peut être une action de terroristes assoiffés d’hémoglobine, ni de rebelles cherchant à renverser un régime barbare pour le remplacer à l’identique, ni d’illuminés qui croient que le paradis se gagne en écrasant des innocents. Non ! le jihad c’est de mener un combat juste jusqu’à ce que les torturés soient délivrés, les laissées pour compte considérés et jusqu’à ce que la dignité des Hommes soit rétablie. C’est ce que font les sincères parmi les foules qui réagissent avec force en Syrie. La mort plutôt que l’humiliation, dernier slogan de vendredi du soulèvement syrien….
L’histoire nous apprend que les libres ne se contentent pas de lutter pour leur propre liberté mais ils réveillent les consciences et mènent les autres sur la voie de l’affranchissement, parce que si esclavagisme il y a, c’est parce que des mentalités d’esclaves subsistent. Les peuples arabes démontrent chaque jour qu’ils sont loin d’être des aliénés.
Mais les ennemis des révolutions guettent, et le plus important après qu’une révolution ait aboutit, c’est que son esprit perdure…
Réapprendre la liberté dans ces pays, c’est faire taire à jamais les nostalgiques de l’esprit d’esclaves qui ont permis aux despotes de régner. Des esclaves obéissants, intérieurement brisés, instrumentalisés, sans réel projet pour leur pays. Leur seul souci étant de regarder la richesse matérielle d’autres pays, quitte à perdre la liberté pour accéder à cette richesse. Un esclave se contente de manger à sa faim, et ne peut proposer d’alternatives pour émanciper les siens….. Ce sont ces « esclaves » qui ont longtemps sévi dans ces pays arabes avec des puissances riches qui leur ont toujours expliqué que le pain vaut plus cher que la liberté.
Ce temps est aujourd’hui révolu….
Par Hassan SAFOUI