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Le sens de l’observation divine « Al-mouraqaba »

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Lors des sermons précédents, nous avons évoqué les stations d’épuration spirituelle que doit rencontrer l’itinérant dans le chemin de la purification de l’âme.

Ces stations d’épuration représentent les valeurs spirituelles fondamentales sans lesquelles la foi ne peut se réaliser. Nous avons évoqué le savoir, le repentir, la patience, la reconnaissance, la satisfaction, la crainte, l’espoir, la confiance en Dieu (tawakkoul), et nous avons parlé lors du dernier sermon du scrupule « al-wara’ ».

Mais le scrupule ne peut se réaliser à moins qu’il soit associé à une autre dimension spirituelle, à savoir, le sens de l’observation divine « al-mouraqaba ».

« Al-mouraqaba », c’est être conscient que Dieu est au courant de toute action que tu fais et de toute parole que tu prononces. Il est attentif à chaque mot que tu prononces, à chaque pas que tu fais, à chaque pensée qui te traverse l’esprit. Tes mouvements, tes moments de repos, tes va-et-vient, tes pensées et tes envies, ne peuvent être dissimulés à Dieu.

« Al-mouraqaba », c’est être conscient que Dieu te cerne de Son Savoir ; que Dieu est parfaitement au courant de tout ce que tu fais de jour comme de nuit, secrètement ou en public, rien ne saurait se cacher à Dieu. Si tu t’isoles un jour, ne te dis jamais que tu es seul car tu es continuellement observé ; ne pense pas  que Dieu puisse connaître un moment de distraction, ou qu’il ne pourrait connaitre ce que tu Lui as  dissimulé.

A plusieurs endroits, le Coran attire notre attention sur ce sens. Dieu dit: « Il est avec vous où vous soyez » (Coran 57 :4), « Pas de conversation secrète entre trois sans qu’Il ne soit leur quatrième, ni entre cinq sans qu’Il ne soit leur sixième, ni moins, ni plus que cela sans qu’Il soit avec eux, là où ils se trouvent » (58 :7).

Ainsi, « al-mouraqaba », consiste à être conscient que Dieu est avec toi par Sa science, là où tu te trouves. C’est dans ce sens que le Prophète (saws) dit : « L’excellence de la foi consiste à adorer Dieu comme si tu le voyais, car si toi tu ne le vois pas, Lui te voit » (Mouslim). Un autre hadith dit : « Le meilleur de la foi consiste à savoir que Dieu est avec toi là où tu sois » (at-Tabarani).

Abou Dhar (rad) dit : « Mon intime m’a recommandé de craindre Dieu comme si je le voyais car si je ne le vois pas, Lui me voit ».

On demanda au Prophète (saws) : « Comment l’homme peut-il purifier son âme ? » Le Prophète (BDSL) dit : « En sachant que Dieu est avec lui, là où il se trouve » (al-Bazzar)

Le Prophète (saws) dit : « Trois catégories de personnes seront à l’ombre de Dieu le jour où il n’y aura d’ombre que la sienne » Il cita : « Un homme qui sait que Dieu est avec lui là où il s’oriente » (at-Tabarani).

Ibn Rajab al-Hanbali relate dans son livre « jami’ al-‘ouloum wal-hikam » que Aboul-Jald dit : « Dieu a révélé à l’un de Ses prophètes : Dis à ton peuple : Pourquoi cachez-vous vos péchés à mes créatures alors que vous les manifestez devant moi. Si vous pensez que je ne vous vois pas, vous êtes alors des polythéistes ; et si vous pensez que je vous vois, alors pourquoi, parmi ceux qui vous voient, faites-vous de Moi Celui qui compte le moins ?! »

On demanda à Dhou an-Noun al-misri (savant spiritualiste, spécialiste de hadith et de fiqh décédé en 245H) : « Comment gagner le Paradis ? ». Il dit : « Par cinq choses : une droiture sans déviance, un effort continu sans distraction, être attentif à l’observation divine secrètement et en public, attendre la mort en s’y préparant et se juger avant d’être jugé »

Un homme dit al-Jounayd (m 297H) : « Qu’est ce qui pourrait m’aider à baisser le regard ? » Il dit : « En sachant que le regard de celui qui te vois devance le tien ».

Lors d’un voyage, Ibn ‘Omar (rad) vit un berger. Il lui demanda de lui vendre un mouton. Le berger lui : Je ne peux pas, je ne suis qu’un domestique. Pour le mettre à l’épreuve, Ibn ‘Omar lui dit : « Tu diras à ton maître que le loup l’a dévoré ! ». Le berger répondit : « Et où est Dieu ?! » Ibn ’Omar partit trouver le maître du berger et acheta de ce dernier le domestique ainsi que le troupeau. Ibn ‘Omar affranchit alors le berger, lui offrit le troupeau et lui dit : « Cette parole que tu as prononcée t’a affranchi ici-bas, et j’espère qu’elle t’affranchira dans l’au-delà ».

L’imam ash-Sha’bi avait un élève pour lequel il vouait une attention particulière, ce qui provoqua le mécontentement des parents des autres élèves. Il leur dit alors : Je vais vous expliquer la situation. Il donna à chaque élève un oiseau et demanda à chacun d’immoler son oiseau en un lieu à l’abri de tout regard. Chaque élève revint avec un oiseau immolé à l’exception de cet élève en question. L’imam ash-Sha’bi lui : « Pourquoi n’as-tu pas immolé ton oiseau ? » L’élève dit : « Tu m’as demandé de l’immoler en un lieu à l’abri de tout regard, or, je n’ai trouvé aucun lieu sans que Dieu ne m’y voit ».

Il incombe donc au croyant de procéder à un examen de conscience avant et pendant l’action : Qu’est ce qui le motive à agir ; les passions de son âme ou l’agrément de Dieu ? S’il est animé par la volonté de satisfaire Dieu, qu’il passe à l’action, sinon, qu’il y renonce, et c’est là le sens de la sincérité « al-ikhlas ». Al-Jounayd dit : « Qu’Allah fasse miséricorde à celui qui prend un moment de réflexion lorsqu’il décide d’agir : si cette action est pour Dieu, il l’accomplit alors, si c’est autre que Dieu qui est visé, il y renonce ».

Par conséquent, le croyant doit être attentif à Dieu avant qu’il ne le soit vis-à-vis des gens. Certains vertueux ont dit jadis : « Le croyant est celui qui appréhende la réaction de Dieu avant d’appréhender celle des gens. Quant à l’hypocrite, il jette un regard à droite, à gauche, s’il ne voit personne il s’adonne au mal »

Certains ont l’habitude de répéter cette expression : « Attention ! Les murs ont des oreilles » par crainte d’être entendu par quelqu’un qui se trouverait derrière ces murs. Mais, ils oublient qu’avant les murs, avant ce qui pourrait se trouver derrière les murs, il y a Celui qui entend et voit, Celui qui entend les pas d’une fourmi sur une pierre lisse.

Le croyant doit donc être conscient de  l’observation divine. Si tu fermes derrière toi mille portes ; si tu te caches des regards des gens, si tu as pu tromper les hommes, sache que tu ne pourras te cacher de Dieu ni Le tromper. Dieu ne peut être sujet à la distraction ni au sommeil.

Par ailleurs, « al-mouraqaba » est plus efficace que n’importe quelle loi. En effet, celui qui est conscient que Dieu l’observe, il n’a guère besoin de loi pour le réprimer. Par contre, celui qui n’est pas conscient de l’observation divine, aucune loi ne pourra l’empêcher de la transgresser.

Sermon de vendredi – Moncef Zenati

(Série sur la purification de l’âme – 21ème partie)

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